La maladie parodontale est l'affection bucco-dentaire la plus courante chez le chien mais les études indiquent une incidence plus grande chez les chiens de petite taille et les races naines (yorkshire terrier, caniches, bichons, teckels, etc.). Les troubles dentaires apparaissent aussi plus tôt dans la vie de ces chiens.
Il arrive que la pousse d’une dent définitive ne provoque pas la chute d’une dent de lait. Ce phénomène est fréquent chez les chiens de races de petit format et une composante héréditaire est suspectée.
La persistance des dents de lait empêche la pousse normale des dents définitives : celles-ci sont repoussées en arrière, vers le palais pour les dents du haut et vers la langue pour les dents du bas (quand il s’agit des canines, il y a parfois la place pour que les deux crocs s’alignent sur la ligne médiane).
Le chevauchement qui résulte de la persistance de dents temporaires prédispose à la maladie parodontale. C’est pour ces raisons qu’il faut toujours faire extraire ces dents par le vétérinaire.
Chez les petits chiens, la maladie parodontale progresse vite vers une forme sévère, avec formation de poches profondes sous les gencives. Une étude menée chez une cinquantaine de schnauzers nains1 a par exemple montré que des lésions des tissus de soutien des dents peuvent être présentes chez des chiens ayant à peine dépassé l’âge de 1 an. Ces lésions favorisent évidemment la mobilité dentaire précoce, puis la perte de dents.
Il est conseillé de faire examiner les dents de ces chiens à risque par le vétérinaire deux fois par an, dès le plus jeune âge (surtout si des soins d’hygiène dentaire ne sont pas effectués régulièrement). Le vétérinaire pourra alors effectuer les soins adéquats s’ils sont nécessaires.
Les petits chiens présentent souvent des complications locales de la maladie parodontale, telles que des fistules oro-nasales : l’infection chronique détruit les tissus avoisinants et une communication s’établit entre la cavité buccale et les cavités nasales. Une fistule peut être soupçonnée quand un liquide purulent et/ou teinté de sang coule du nez du chien, parfois accompagné d’une tuméfaction au niveau d’un maxillaire.
Chez les petits chiens, la qualité de la dentition n’est pas un critère de sélection prioritaire dans le choix des reproducteurs et la miniaturisation a entraîné des déséquilibres anatomiques : les petits chiens possèdent des dents volumineuses implantées dans de petites mâchoires. Chez le yorkshire terrier par exemple, le rapport entre la hauteur totale de la dent (de la pointe de la couronne à l’extrémité des racines) et l’épaisseur de la mandibule est de 1,5 alors que ce rapport est proche de 1 chez les chiens de plus de 20 kg2.
À cause d’un volume osseux moindre, les mandibules des petits chiens sont plus fragiles que celles des grands chiens. Une perte osseuse liée à la maladie parodontale aura donc des conséquences plus graves chez un chien de petite race que chez un grand : les fractures de la mandibule sont surtout observées chez les très petits chiens.
Lorsque l’affection évolue sans être traitée plusieurs années, l’action de la flore buccale (il existe des centaines de millions de bactéries dans 1 mm3 de plaque dentaire) peut provoquer une lyse osseuse (destruction de l’os) d’environ 2 mm2. Chez un chien de 30 kg, cette perte de substance osseuse n’a quasiment pas d’effet mais chez un chien de petit format, cela représente une perte de 25 à 50% de l’os alvéolaire2 !
Le prognathisme est fréquent chez les chiens brachycéphales (ex. : bouledogues) : la mandibule dépasse le maxillaire. |
1. MARSHALL M.D., et al., “A longitudinal assessment of periodontal disease in 52 miniature schnauzers”, BMC Vet. Res., 2014, 10 :166.
2. HENNET P., « Maladies parodontales chez le chien : facteurs de risque et approches thérpaeutiques », Bull. Acad. Vét. France, 2014, 167, 27-32.